En présence de Madame Heydemann, D.G. d’Orange, venue présenter les orientations stratégiques de l’entreprise, du groupe.
La situation géopolitique est grave. Le monde dévisse vertigineusement depuis la réélection de Trump. Face à cette situation, le délirant sentiment de toute-puissance pousse Macron à investir un rôle de leader Européen sur les enjeux de défense, à porter à 3% de PIB le budget de la défense, à enjoindre « toutes les forces du pays » à faire des propositions et à distiller l’idée que « l’effort de guerre » est prioritaire sur tous les autres enjeux de société, une économie de guerre en somme. Il a ainsi joué la petite musique du sacrifice que devrait faire chacun·e pour contribuer au financement de la défense, tout en indiquant ne pas augmenter les impôts, exonérant ainsi les puissances d’argent de toute contribution à la sécurité et la défense du pays.
Les économies se font systématiquement sur le dos des travailleurs et des travailleuses, par la destruction des conquis sociaux et de notre modèle de protection sociale ou de nos services publics. Les industriels et autres marchands d’armes voient d’un très bon oeil ces annonces, qui sont la perspective d’un enrichissement faramineux.
C’est d’ailleurs le biais éhontément saisi par Madame Heydemann, de son propre aveu, au Mobile World Congress de Barcelone (mars 2025). Comment profiter de la crise pour relancer les opérateurs telco dont l’aura faiblissait ? Comment imposer à l’Europe les “champions” Européens ?
En tels temps de crise, pour SUD-Solidaires, il ne doit pas y avoir de profits privés sur le dos des populations.
Mais cela pose question : A quel prix ce titre de champion européen pour Orange ? Orange participerait-t-elle à l’effort de guerre et comment ?
Par contre, son allocution interroge à plusieurs titres. D’abord sur les choix pris sur le SI interne, basés uniquement sur des solutions de produits états-uniens (GAFAM, cloud…) alors que l’heure est à l’indépendance européenne. Cela confirme nos revendications portées, des années durant, face aux décisions de la direction en termes d’investissement, recherche et développement et Innovation, et sur ses orientations.
Elle interpelle plus encore sur les engagements d’Orange découlant des partenariats et autres contrats touchant à la cybersécurité.
Qu’en est-il de la protection des données, notamment industrielles ? Les logiciels utilisés sont des virus espions “made in USA”. La preuve en est : la grande panne informatique mondiale de juillet 2024 provoquée par Microsoft, à laquelle Orange échappa miraculeusement. C’était une mise à jour du logiciel, sous-traité et en catimini. Et Orange se dit être le chantre de la cybersécurité ?
Peut-on aussi évoquer la cyberattaque subie par Orange en Roumanie, que la direction a minimisée ?
SUD réclame un point d’information en CSEC sur les incidents touchant la sécurité du réseau Orange et de ses partenaires.
Face à ces risques aggravés par les récentes annonces des dirigeants de géants américains de la Tech et du nouveau Président américain Trump, qui souhaitent dérèglementer davantage les usages des nouvelles technologies, Orange réfléchit-elle à déprogrammer sa dépendance aux GAFAM ?
Envisage-t-elle de travailler en interne, sans recourir à des cabinets-conseil américains coûteux et sans Chat Gpt invasif, en utilisant les capacités intellectuelles et d’innovation intrinsèques à l’entreprise ?
Déjà collaboratrice de la police l’été dernier, l’entreprise se compromettait dans le contrôle de la population à l’aide des caméras du consortium Thalès pendant les JOP, faisant de ses subordonné.es des complices des dérives autoritaires, liberticides, technopolicières de l’Etat français, prétendant pouvoir gouverner un peuple comme on gère un système informatique.
Les salarié.es d’Orange ne se sont engagé.es ni dans la police, ni pour faire fructifier les appétits et les stock-options d’une marchande d’armes.
Le nouveau caprice présidentiel, nous impose des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hivers pour 2030. Personne ne convaincra personne que cette gabegie contribuerait à sauver la planète. Ce grand chantier écocide est socialement inutile. Il va nécessiter une nouvelle retransmission télévisuelle interplanétaire et de recourir une fois de plus au réseau de surveillance des masses Thalès-Orange… En 2030, Monsieur Grospiron n’aura pas de neige. Il devra aussi se passer de la grande expertise des salarié·es et des métiers « premium», de chez Orange, non remplacé·es.
SUD demande également des comptes sur le développement satellitaire, ces réseaux de communications à vocation militaire. Détournés de l’usage commercial, ce sont de véritables armes, fleurons des propagandes “va-t’en guerre”, convoités par les suprémacistes blancs dangereux, libertariens, comme ce technofasciste E. Musk.
SUD rappelle ce que d’autres ont écrit : dans ce monde capitaliste, « La guerre n’est pas faite pour être gagnée mais pour être permanente. L’acte essentiel de la guerre moderne est la destruction du produit du travail des hommes." “La guerre est faite par le groupe dirigeant contre ses propres sujets.”
SUD milite pour la paix. Car quand la guerre s’impose, ce sont les droits des travailleur.euses qui périssent avec les victimes.
Orange impose un monde du travail où la loyauté des salarié.es est obligatoire, tandis que la direction se moque des IRP, comme de la santé et des conditions de travail du personnel. La stratégie de l’employeur nous guide vers un futur qui coûtera cher aux femmes et aux hommes qui lui sont subordonné.es.
Dans cette entreprise, où, depuis des années, les dirigeant.es font le choix d’imposer le principe fallacieux de la méritocratie aux femmes et aux hommes, pour aggraver les inégalités d’emplois, de salaires, pour maintenir leur pouvoir de domination, cela a un coût !
Dans cette entreprise où, depuis des années, les dirigeant.es font le choix d’ignorer la reconnaissance due aux salarié.es qui n’ont eu de cesse de s’adapter, tout au long de leur vie professionnelle, aux projets de déstructuration de leur service, de leur métier, au détriment de leurs conditions de travail, voire même de leur vie privée, cela a un coût !
Dans cette entreprise où, depuis des années, ses dirigeant.es font le choix de gaver des actionnaires insatiables, à coup de milliards d’euros, plutôt que de partager ces profits entre les femmes et les hommes sans qui ils et elles ne seraient rien, cela a un coût !
Dans cette entreprise où, depuis des années, ses dirigeant.es font le choix de s’affranchir de leur responsabilité en termes de sécurité et de santé physique et mentale des salarié.es, nonobstant les rapports alarmants des médecins du travail ou encore le résultat accablant de l’enquête triennale 2024 du Comité National de Prévention du Stress (CNPS), cela a un coût !
Quels que soient les plans stratégiques, les 22 suicides et tentatives, répertoriés par les OS, depuis ces 3 dernières années, sont le miroir grossissant qui renvoie à tous les dirigeant.es d’Orange du COMEX et de son Conseil d’Administration le reflet de leurs violences et de leurs turpitudes.
C’est pourquoi, il est bon de rappeler, ici, que depuis le procès historique que nous avons gagné, fort.es de l’arrêt de la Cour de cassation du 21 janvier 2025, les instigateurs d’une politique d’entreprise peuvent donc être poursuivis et condamnés lorsqu’ils prennent, en connaissance de cause, des décisions de nature à dégrader les
conditions de travail des salarié.es. Ce sont en effet ces décisions prises dans les instances dirigeantes qui infusent dans les différentes structures de l’entreprise et modifient en profondeur l’organisation du travail, les conditions de travail et les méthodes de management.
A propos du procès France Télécom - Orange, la Cour de cassation a confirmé la condamnation en appel des dirigeant.es de France Télécom-Orange, Lombard, Wénes, Dumont et Boulanger, pour harcèlement moral institutionnel, par la politique d’entreprise mise en oeuvre.
Or, Nathalie Boulanger et Brigitte Dumont continuent d’exercer leur activité professionnelle. La première à Innovation / RH, en tant que Directrice Orange Start-up Ecosystème, et la seconde comme membre de la direction RSE, Communication et du Programme Orange Digital Center, d’Orange MEA.
SUD demande que le CSEC et les Comités Groupe soient à minima informés des sanctions disciplinaires prises à leur encontre pour faire suite à la condamnation définitive dont elles ont fait l’objet et souhaite qu’il soit mis fin à leur contrat de travail en tant que cadres dirigeantes.
Reconnues coupables de harcèlement, il est inconcevable qu’elles puissent conserver leur poste à un tel niveau de responsabilité, sans confiance délibérée de la direction du groupe. Elles ne doivent plus diriger de salarié.es, ni encadrer un service, sachant notamment qu’i.els avaient refusé de prendre en compte les alertes des IRP et des syndicats, des médecins du travail, du personnel lui-même en souffrance.
Ce n’était pas là un fantasme des syndicats… Ni non plus la commedia dell arte.
Iels ont été condamné·es, parce qu’iels savaient. Iels savaient !
La direction d’Orange a d’ailleurs reconnu sa responsabilité en se gardant bien de faire appel du premier jugement.
En termes d’égalité professionnelle, la journée internationale de lutte pour les droits des femmes du 8 mars est un prétexte chez Orange, pour mettre en vitrine des « jeunes femmes talentueuses », une première discrimination, celle de l’âge.
La réalité de l’entreprise, dont la structure se masculinise, révèle des inégalités persistantes en défaveur des femmes : recrutements en CDD précaires, écarts de rémunération historiques à partir de 40 ans et systématiques passés les 50 ans, remplacement du budget spécifique pour la correction des inégalités de genre dans les NAO par un budget général, inégalités de déroulé de carrière, indicateurs de santé dégradés, avec un absentéisme plus élevé, en lien avec des accidents de travail et des maladies professionnelles.
La loi de 2014 sur l’évaluation genrée des risques professionnels n’est toujours pas respectée, et Orange
limite la prévention genrée aux femmes enceintes et allaitantes, sans tenir compte de tous les risques, de toutes
les pénibilités subies par les femmes, ni de la conciliation de leur vie hormonale et procréative.
l’expression de « gestion en bon père de famille », encore entendue lors du dernier CSEC, doit être abolie.
SUD est restée sidérée devant le Post LinkedIn de M. Jean-Marc Escalettes, Directeur de la Direction Technique Orange France, pour le lancement d’une nouvelle interface web TV, d’Orange TV, illustré par une vignette de BD, où un personnage féminin pose la question : “Pourquoi changer ?» ce qui lui vaut d’être giflé.e violemment en retour par un type qui, dans son geste, lui répond : “Parce qu’on innove !”.
La D.G., comme d’autres membres du Comex, ainsi que la Direction du Contrôle Interne et des Accompagnements des Situations Complexes ont cautionné ce message violent et sexiste.
Les “like” décomplexés de tous ces dirigeant.es en disent long sur la façon dont iels s’imaginent apprendre aux salarié.es à marcher au pas. Nous en savons toutes et tous les conséquences.
Et, quand ils s’apparentent à un encouragement à la domination patronale, à la discrimination de genre, aux violences masculines, communément appelées sexistes et sexuelles, à l’opposé de la prévention, interrogeant la culture d’entreprise en la matière, le CSEC a le devoir de s’en saisir. SUD demande donc l’inscription de ce point à l’ordre du jour d’une séance prochaine.
Car, comment ne pas voir que cette com’ scandaleuse, intolérable, vient alimenter le climat social anxiogène que la direction fomente en instillant l’inquiétude, voire l’insécurité de la situation de travail partout dans l’entreprise ?
En effet, les actions menées depuis des années, pour soi-disant améliorer l’organisation du travail, sont aussi efficaces que la poudre de perlimpinpin. Le résultat de l’enquête de 2024 pour le CNPS nous confirme le manque réel de volonté de l’employeur d’assurer la sécurité et protéger concrètement la santé physique et mentale des travailleur.euse.s d’Orange.
Cette absence de résultat est inacceptable.
Le CSEC et les CSEE doivent désormais s’appuyer sur la jurisprudence du harcèlement moral institutionnel, qui enjoint aux dirigeants de mesurer les conséquences potentielles de leurs décisions de gestion sur les conditions de travail et la santé des salarié.es concerné.es.
Il est urgent que des plans d’actions réels et concrets de prévention primaire soient mis en application dans l’entreprise.
SUD exige un moratoire sur toutes les réorganisations en cours, les fermetures de sites de proximité, ainsi que sur la grande remplaçante, l’I.A.
La délégation SUDPTT