Orange Afrique et Moyen-Orient, un développement sous tutelle


Le marché télécoms français est saturé, peu rentable, régulé. Alors Orange regarde ailleurs, et notamment vers l’Afrique et le Moyen-Orient, vue comme un nouvel eldorado, un gisement de profits à exploiter. Le satellite devient l’outil idéal pour connecter, tracer, vendre sans avoir à investir massivement dans des infrastructures locales ou des compétences durables.

En mars 2025, Orange Afrique et Moyen-Orient (OMEA) annonçait un partenariat pluriannuel avec Eutelsat, pour « réduire la fracture numérique » dans les zones isolées. Derrière les discours vertueux, il faut bien voir ce qu’est cette opération : une ouverture de marché pour Orange, à grande échelle.

Le 4 mai 2025, on apprend la nomination de Jean-François Fallacher, ex-directeur général d’Orange France, au poste de Directeur Général d’Eutelsat. Une annonce qui tombe juste après la signature du partenariat. Une coïncidence ? Il est permis d’en douter.

Avec Fallacher à la tête d’Eutelsat, Orange aura un ex dirigeant à la manœuvre. Un dirigeant qui connaît les rouages de la maison, les objectifs commerciaux, et qui pourra aligner les intérêts d’Eutelsat sur ceux d’Orange. Une manière discrète mais efficace de verrouiller une stratégie industrielle au profit d’un seul acteur, sur un marché en pleine expansion.

Ce qui se joue ici, c’est un néocolonialisme 2.0, où les grandes entreprises européennes imposent leurs solutions, leurs dirigeants et leurs réseaux, sans jamais véritablement intégrer les populations locales dans la réflexion ou la gouvernance. On leur vend du « développement numérique », mais sans droits sociaux, sans infrastructures durables, sans réelle souveraineté technologique.

La mainmise sur les communications, les données, la connectivité, devient un instrument de contrôle, une nouvelle forme de dépendance, tout cela au profit des seuls actionnaires d’Orange et d’Eutelsat.

A SUD, nous dénonçons l’enchevêtrement opaque des intérêts privés au détriment des populations locales. La logique coloniale, qui voit dans chaque territoire un marché plutôt qu’un partenaire.

Pour SUD, le numérique n’est pas un droit si son accès repose sur des logiques de prédation. Orange doit rendre des comptes aux peuples qu’elle prétend connecter.

#DTSI