En 2024, ce sont 165 dossiers qui ont été présentés devant les Commissions Paritaires à Orange, dont 161 concernaient des procédures disciplinaires. Autrement dit, la quasi-totalité des commissions CAP (pour les fonctionnaires) et CCP (pour les salariés de droit privé) est désormais monopolisée par des affaires disciplinaires.
En CAP, on observe une hausse de 62,5 % du nombre de dossiers par rapport à l’année précédente. En CCP, l’augmentation est également marquée, avec +22,6 %.
Une question se pose : comment expliquer une telle flambée disciplinaire dans un contexte de réduction massif des effectifs ?
Plusieurs hypothèses peuvent être avancées.
D’une part, des managers sans cesse mis sous pression, challengés en permanence et sommés d’atteindre des objectifs toujours plus élevés avec moins de personnel, n’ont ni le temps ni les moyens de prévenir ou de gérer sereinement les tensions et difficultés au sein de leurs équipes. Ils préfèrent souvent passer la main aux ressources humaines, pour qui le dialogue, la médiation et la prévention passant souvent au second plan.
D’autre part, certaines formations internes ne sont pas neutres. “L’atelier Discipline pour les Managers”, mis en place par l’entreprise, incite clairement les responsables à “ne pas hésiter à sanctionner”. Ce type de message institutionnel encourage une gestion plus autoritaire, moins humaine des conflits.
Pour SUD, cette évolution est particulièrement inquiétante. Elle révèle, comme la dernière enquête CNPS, un climat social tendu, un management de plus en plus vertical et une déshumanisation des relations de travail.
A SUD, nous continuerons à porter une autre vision : celle du respect des salariés, du dialogue, de la prévention des conflits, et d’un management qui écoute avant de punir.
Lire notre tract, CAP CCP une parodie de procès: ICI
Face aux directives de l’entreprise, il est important de rappeler un point essentiel : Orange recommande à ses managers de ne rien écrire si ils envisagent une mesure disciplinaire, car certains juges considèrent qu’un simple rappel à l’ordre constitue déjà une sanction.(Jurisprudence)
Notre conseil : Tracez systématiquement par écrit tout échange avec votre hiérarchie en cas de désaccord, de reproche ou recadrage : un mail, un compte rendu, une synthèse après un entretien…
Et surtout, ne restez pas seul. En cas de doute ou de situation difficile, rapprochez-vous de vos représentants du personnel